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Star Ac’, on prend les mêmes et on recommence ! Émilie, la surdouée un peu peste, Ely la Québécoise, Pascal, imprévisible, remarqué pour son franc-parler voire son côté « petit chef », Pascal, l’aîné de la promotion 2005, qui venait de gagner ses galons d’électron libre… Maud, un clone d’Élodie Frégé, qui avait remporté la saison 3, Alexia, la chouchoute, qui avait pu bénéficier du soutien de la directrice lors du prime time du 21 octobre, rien d’étonnant à cela, Nolwenn avait déjà fait chavirer le prof Mathieu Gonet… Chez les autres garçons, Jérémy, une gueule d’ange, un talent certain, avait conquis Maud et leur histoire avait suffi à les rendre sympathiques. Un scénario déjà servi en 2003 par Édouard et Élodie. Et le « bon copain », Jean-Luc, 26 ans, toujours là pour écouter et rassurer ses camarades…
Anna, réfugiée dans un recoin de la salle des profs, inquiète que Darbois ou Monteil ne viennent l’y traquer, feuilletait Le Parisien. Dans un pur souci pédagogique. Il fallait interroger la culture des apprenants, ne pas leur en imposer de force une autre, ex cathedra. Au contraire, partir de leurs apports, respecter leurs centres d’intérêt pour mieux les aider à construire leurs savoirs par eux-mêmes…
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La Star Ac’. Durant la matinée, les filles de la troisième B n’avaient cessé de l’assaillir avec leur lubie. Samira, super remontée, hyyyyper amoureuse de Paaascal, trop miiiignon, la vériiitéééé, quoi ! Tandis que Fatoumata en pinçait plutôt pour Jérémyyyy, et l’avouait sans détour, quoi !
– Elle mouille, m’dame, quoâ, c’est plus une culotte qu’elle a, c’est une piscine olympique ! avait lancé le boutonneux Steeve, au visage ravagé par une crise d’acné des plus spectaculaires.
Plié en quatre, Steeve. Ravi de son succès. Prêt à succéder à Moussa dans le rôle du pitre. Un joyeux drille, sempiternellement embusqué au dernier rang. Un mètre soixante-cinq, quatre-vingt-dix kilos. Le facétieux de service, sur lequel on pouvait toujours compter pour mettre un peu d’ambiance.
Une piscine olympique ? Z’yyy vaaa ! Toute la classe mooorte de riiire, la vériiité !
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C’était parti. Comme dans une bonne vieille pièce de boulevard réglée au quart de tour, avec des décors de Roger Hart…
Acte I. Protestation outrée de Fatoumata. Collégienne, seize ans, habitant la cité des Sablières.
– Steeve, tu ferais mieux de t’occuper de tes boutons. C’est plus une tronche, que t’as, c’est Halloween ! Fais-toi un plan Biactol ! Et essuie-toi avec du Lotus Double Épaisseur Senteur des Îles ! Ta gueule, elle vaut pas mieux qu’un cul !
Acte II. Vive colère de Steeve. Collégien, quinze ans, habitant la cité des Grands-Chênes.
– Et toi, taspé de ta sale race, le tien, de cul, va t’le laver au Canard WC ! Ta teuche de pute elle pue la merde ! Va te faire niquer ! Y a Moussa qui t’attend !
Acte III. Gueulante d’Anna Doblinsky, vingt-cinq ans. Titulaire du CAPES. TZR dans l’académie de Créteil. Habitant Paris XIXe.
Rideau. Retour au calme.
Exercice de conjugaison.
Tout de suite !
Sortez vos classeurs, interrogation écrite.
Non mais alors !
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L’incident, très ordinaire, était clos.
La classe s’était réunie dans le foutoir habituel, avec son cortège de raclements de chaises ultrastridents. Ah les chaises, ça c’était une véritable revendication ! De quoi dynamiter le prochain congrès de la FSU, le transformer en session plénière du Komintern ! Marchons au pas, camarades, marchons au feu hardiment ! Quittez les machines, prolétaires, debout ! Il faudrait en parler à la Monteil ! Changer le matos, le virer au rebut, mettre le lino à l’incinérateur, installer de la moquette, bordel de merde, ne pas en rester là, c’était bien le minimum à exiger ! Anna en éprouvait une sainte colère !
Quand le silence régnait, rarement, très rarement, elle s’amusait à faire crisser la pointe de sa craie sur le tableau, une petite vengeance bien sadique, bien perfide, qui provoquait des hurlements de protestation de la part des apprenants. C’était toute une technique, très, très délicate à maîtriser.
Il fallait calculer l’angle d’inclinaison du bâton sur la surface noire, au quart de micron près, exercer la juste pression, ne surtout pas forcer, sinon la craie se rompait ! Une technique ? Non… un art ! Anna commençait vraiment à apprendre le dur métier d’enseignant. La craie en tant qu’arme de destruction massive des tympans adolescents ! À méditer.
Un bon projet CARGO, transversal à souhait, son tuteur Saliesse n’aurait même pas osé en rêver !
1) Initiation à la musique sérielle. Quoâ ? C’est quoâ ? Panique pas, Steeve, en salle informatique, tu vas pouvoir chercher sur le Web. Du moment que tu me sors la fiche, tu seras bien noté. Deux clics de la souris, et bingo, 20 sur 20, t’auras tout bon, c’est comme ça qu’on t’a toujours appris à réfléchir ! Et si ça te fatigue, la prochaine fois on fera un débat…
2) Géométrie. Le tableau, un espace rectangulaire. La craie, un cylindre. Formule de la surface du rectangle ? Steeve, réveille-toi, là, tu t’endors ! Élémentaire, la formule, on te la rabâche depuis le CM1 ! Et t’as toujours riiiien compriiiis. La vériiitééé ! Longueur multipliée par largeur. Volume du cylindre ? Là, il faudra t’accrocher ! Et à propos, une piscine olympique, vingt mètres sur cinquante, deux de profondeur, ça représente quoi en décilitres de mouillure de taspé ? Prends ta calculette, Steeve ! Change les piles, dépêche-toi, dans moins de cinq minutes, je relève les copies.
3) Physique. La pression est une force appliquée sur une surface. Là, on atteint les sommets de l’abstraction. Le mystère absolu. Un plan carrément science-fiction ! Te stresse pas, Steeve, dans la vie courante, ça te servira jamais à rien. À l’ANPE, on te foutra la paix avec ça.
4) SVT. Anatomie du conduit auditif. Ça fait mal, hein, Steeve, quand ma craie elle te nique les oreilles ? Ouais, ouais… eh bien, tu vois, t’es pas trop bouché, finalement… Alors demain, en rentrant en classe, mon petiiiit Steeeeve, je t’en supplie, arrête, ARRÊTE de traîner ta chaise sur le lino, de te trémousser pendant dix minutes avant de t’asseoir, tu peux pas savoir à quel point ça me ferait plaisir.
5) Instruction civique. Là c’est limpide. Steeve, tu t’acharnes à me pourrir la vie ? Alors je te rends la pareille ! Si on continue comme ça, adieu le contrat social !
6) Français, étude des registres de langue. M’dame, quoâ, c’est pas juste, quoâ ! Mais si, Steeve ! Ta mère en tongs dans l’espace-classe ! Ah là, tu t’énerves ? Comme c’est curieux !
7) EPS. Séance de relaxation. Tout le monde est super véner, le projet CARGO, ça te déchire la tête ! Cool, Steeve, cool ! C’est bientôt l’heure de la cantine. Les frites, la mayo et le ketchup t’attendent au self. Le Flanby en dessert, et après tu fais la sieste au CDI pendant l’heure de perm’.
Mlle Sanchez, la documentaliste, elle est vraiment gentille, elle t’offrira un brownie. Vu ton poids, tu devrais refuser, mais bon… Elle est courageuse, Mlle Sanchez, tu ne peux pas savoir. Vous vous foutez d’elle, tous autant que vous êtes, parce qu’elle est un peu enveloppée. C’est la comptine préférée des petits sixièmes, en cour de récré. Sanchez elle a un gros cul, Sanchez, un gode dans l’cul ! Pour ce qu’elle est payée, mon petit Steeve, tu n’imagines même pas le dévouement dont elle fait preuve, ça te dépasse !
Des Mlle Sanchez, tu vois, Steeve, elles se battent pour te sortir de ta crasse. À Pierre-de-Ronsard, on est tous très gentils avec toi, personne n’est méchant. Personne ! Au contraire ! Tout le monde te berce d’illusions. Dodo, dodo, l’enfant do, l’enfant dormira bien vite… Ici, c’est le collège enchanté, tu sais bien, Bamby et son copain le gentil lapin, Dumbo l’éléphant, la Belle et le Clochard, le capitaine Crochet et son adversaire Peter Pan, qui refusait obstinément de grandir.
Comme toi. Mais un jour, tu te réveilleras, Steeve.
Il sera trop tard. On ne voudra même pas de ta modeste personne comme technicien de surface à Euro Disney ! Ça va pas le faire ! RMI ad vitam aeternam. Et tu seras tout seul. Ta mère en tongs au cimetière !
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Bon, d’accord, facile… Anna eut honte de s’acharner ainsi, ne fût-ce que mentalement, sur ce pauvre Steeve, mais de temps en temps il fallait bien se défouler, relâcher la pression, évacuer le trop-plein d’exaspération… Le métier qui rentrait. Elle éclata de rire, toute seule devant son tableau, à la grande surprise de la classe. Mieux valait déverser ses sarcasmes, prendre le tuteur Saliesse dans le cadre du viseur de la kalachnikov, plutôt que de se laisser aller à craquer, comme Vidal, qui venait de jurer qu’il claquerait la gueule au premier emmerdeur venu. Steeve ? Une pauvre tête à claques, justement, ni pire ni meilleur que d’autres. Rien à voir avec le redoutable Moussa, absent. De même que Lakdar et son alter ego Djamel. Leurs places étaient restées vides.
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La suite de la journée fut encore plus mouvementée. Fumigènes dans la cour de récré, bombes au poivre à la cantine, lacrymogènes au CDI, extincteurs vidés dans le couloir du bureau du CPE Lambert. Une nervosité qui alla grandissant au fur et à mesure que s’étiraient les heures. Comme si les gamins attendaient avec impatience la soirée et les réjouissances qu’elle promettait.
Vidal raccompagna Anna jusqu’à Paris, à bord de sa voiture. Durant tout le trajet sur la N3, il conduisit avec nervosité, quasiment sans dire un mot. Il avait branché l’autoradio sur France Info.
Les émeutes fournissaient le plat principal. La litanie des exactions, répétée en boucle. À Trappes, un concierge de collège, un clone du pittoresque Bouchereau, avait trouvé la mort en tentant d’éteindre un incendie de voitures.
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Vidal habitait rue de la Mouzaïa, derrière le parc des Buttes-Chaumont, un petit quartier pavillonnaire, devenu ultrarésidentiel. Trente ans plus tôt, il n’en était rien. Les terrains ne valaient pas tripette. Aujourd’hui il en allait tout autrement.
– La solution, tu vois, la voilà…, annonça mystérieusement Vidal, en se garant devant chez lui. Tu viens prendre un verre ?
Elle accepta. La maison ne payait pas de mine, bordée d’un jardinet où fleurissait le lilas dès les premiers jours du printemps. Mais sitôt l’entrée franchie, c’était tout autre chose. Un petit palace.
– Mes grands-parents ont acheté ça pour quasiment rien au début des années 50, expliqua Vidal, tandis qu’Anna prenait place sur un canapé.
Le salon était encombré de maquettes de bateaux, voiliers, steamers, goélettes… Les murs ornés de marines. Catherine Vidal, une petite brune au visage poupin bien que strié de rides, vint saluer Anna.
– Alors c’est vous ? demanda-t-elle. Tous les soirs, en rentrant, Gérard me parle de vous, il est inquiet, il se demande si vous tenez le choc, ça le tracasse… Il est un peu bourru, au premier abord, mais c’est un grand sentimental !
Gérard ? Anna ignorait jusqu’à présent le prénom de son collègue, son plus précieux soutien à Pierre-de-Ronsard. Dans la confrérie des pédagogues, on s’apostrophait par le nom de famille, Darbois, Monteil, Sanchez… Vidal revint avec un plateau, des verres, quelques biscuits apéritifs, une bouteille de sancerre.
Ils trinquèrent.
– Voilà, c’est fini, terminé, je fous le camp, aujourd’hui, c’était ma dernière journée à Ronsard, annonça Vidal, d’un ton neutre. J’y ai réfléchi toute la journée. Ce matin, je ne savais pas encore, je te le jure. Ma décision est prise. Je rends ma vieille blouse grise de vieux hussard de la République… dès demain, j’envoie ma lettre de démission. Je ne remettrai pas les pieds au collège. Le pot de départ, vous le ferez en mon absence.
– Ce n’est pas une surprise, précisa Catherine, ça faisait longtemps que ça couvait…
– Tu… tu as suffisamment de moyens ? s’étonna Anna. Je veux dire, tu peux arrêter de travailler comme ça, du jour au lendemain ?
– Mais oui, cette maison, elle vaut une fortune, alors je vais vendre. J’ai eu le cul bordé de nouilles, grâce à mes grands-parents… Deux petits provinciaux venus du Berry jusqu’à la capitale, qui tenaient un commerce pépère, beurre, œufs et fromages, place des Fêtes, à deux pas de chez toi… Avec leur vieille traction avant, ils remontaient tous les matins, à cinq heures, la rue de Belleville en revenant des Halles, avec leur remorque chargée de fromages, et le soir ils revenaient dormir ici, rue de la Mouzaïa. Là, je te raconte un film en noir et blanc, les infos Pathé au cinoche du coin, le Tour de France avec Poulidor et Anquetil, quand j’étais môme et que je venais chez eux le jeudi, lire Tintin et Spirou…
Anna plongea ses lèvres dans son ballon de sancerre, croqua une rondelle de saucisson.
– Gustave et Noémie Vidal, merci du fond du cœur, pépé et mémé, je trinque à votre mémoire ! Au cours du marché immobilier, aujourd’hui, votre baraque, il y a au moins cinq cents plaques à en tirer, je compte toujours en francs, Anna, on n’appartient pas à la même génération… c’est dingue, hein ? Alors tu comprends, ça assure une retraite. J’ai quarante-huit ans, et j’ai plus envie de m’user la santé avec des Moussa ou des Steeve… Qu’ils restent dans leur pétrin, après tout, puisqu’ils ne font aucun effort pour s’en sortir, ça ne me fait plus ni chaud ni froid ! J’y ai longtemps cru, mais j’y crois plus. Mieux vaut tirer sa révérence avant d’en allonger un au tapis et de se gâcher la vie avec un procès. Voilà, désormais, tous les mardis, ma petite Anna, il faudra que tu prennes le RER ! Et le bus 312 A ? Ou le 716 B ? Ou le 419 C ? Ou le 43765 XYZ, depuis Sevran-Beaudottes, je me souviens plus. Si le chauffeur a encore la force de le conduire, fatigué d’encaisser les crachats, les nique ta race à longueur de journée, humilié à force de s’écraser !
– Et après, qu’est-ce que tu vas faire ?
– Ce que je vais faire ? Na-vi-guer ! répondit langoureusement Vidal. Depuis des années, je retape un trois-mâts, il est mouillé dans le port de Locmaria, à Belle-Île. Déglingué de partout. Une épave magnifique. Il a de la gueule, mon rafiot, je te jure. Depuis que je l’ai acheté, Catherine me surnomme Capitaine Haddock ! Moi je me serais plutôt vu en Professeur Tournesol ! Vingt ans à ne rien piger au monde qui m’entourait, à tout entendre de traviole, avec mon cornet acoustique tout foireux, mais bon…
Sa femme s’était rapprochée et lui ébouriffa les cheveux.
– Bachi-bouzouk ! Bougre d’amiral de bateau-lavoir ! s’écria-t-elle.
– Si vous me permettez, ajouta Anna, celle que je préfère, c’est bougre de crème d’emplâtre à la graisse de hérisson, je crois bien que c’est dans Le Crabe aux pinces d’or !
– Pas du tout, c’est dans Vol 714 pour Sydney ! On parie ? protesta Catherine.
Elles vérifièrent sur Internet. Les deux avaient perdu…
– Ça va coûter une fortune de le remettre en état, ce bateau, reprit Vidal, mais tant pis. Catherine et moi, on part. Cap droit sur les Grenadines…
Anna vida son ballon de sancerre, le moral au fond des chaussettes.
Elle s’apprêtait à se lever. Vidal lui posa doucement la main sur l’épaule.
– Anna, je sais jamais bien dire ces choses-là, mais n’oublie pas ce que je t’ai raconté à propos de Rachel Feldman…
Le moment était à la franchise, à la sincérité.
– Et alors ?
– Alors ? Tu es juive ?
– Oui.
– Avec… avec les collègues qui se souviennent de l’affaire Feldman, des anciens, on a parlé de toi. Rien qu’avec des gens de confiance ! Nossec, de techno, Rouvier, EPS, un peu balourd mais courageux, d’autres que tu connais pas. Ah si, Sanchez, du CDI. Sous ses dehors de gentille nounou, c’est un roc. Mathiot, aussi, informatique. On les a tous mis dans le coup, au cas où tu aurais des emmerdes. Après l’affaire Feldman, toute la petite bande, on se sentait pas fiers, crois-moi, alors on s’est juré que ça ne recommencerait plus jamais.
Anna écarquilla les yeux en fixant Vidal. Sonnée. On a parlé de toi. Rien qu’avec des gens de confiance. Au cas où tu aurais des emmerdes…
Les mots pesaient des tonnes.
– Gérard, mais est-ce que tu te rends compte de ce que tu viens de me dire ? Vous vous êtes concertés ? Parce que je suis juive ? Pour m’accorder une sorte de protection ?
Anna avait asséné cette réplique d’une voix tremblante. Et dire qu’elle avait soupçonné Vidal sinon de lâcheté, du moins d’une prudence diplomatique à l’égard de la trouille qui avait saisi le collège quand la fureur s’était déchaînée contre la pauvre Rachel. La feuj.
– Oui, on en est là…, répondit calmement Vidal. Si les élèves s’en prenaient à toi à cause de ça, ne te fais aucune illusion, tu ne pourrais compter que sur une poignée de gens décidés à ne pas détourner les yeux. Les autres… trouillards et compagnie ! Des fois qu’on leur crève les pneus de leur voiture, à eux aussi, tu t’imagines qu’ils te viendraient en aide ?
– Si les élèves s’en prenaient à moi à cause de… ça ? balbutia Anna.
Vidal haussa les épaules, agacé. Qu’est-ce qu’elle avait encore à s’étonner ? Elle n’avait toujours pas compris ?
Il était fatigué, n’avait pas envie d’insister davantage. Depuis la rentrée de septembre, il la surveillait, inquiet, tourmenté, culpabilisé de n’avoir pas été à la hauteur vis-à-vis de Rachel Feldman, qu’il avait surprise en larmes à chaque interclasse dans un recoin de la salle des profs.
Maintenant qu’il avait décidé de changer de cap, ça ne le regardait plus.
Personne n’est parfait.
– Et tant qu’à faire, méfie-toi de Darbois, ajouta-t-il, sa capacité de nuisance est redoutable !